Belle comme un rayon de soleil sur le Fuji-Yama, Yoko n'a rien d'une poupée japonaise ni d'une carte postale exotique. Apparue pour la première fois le 24 septembre 1970, elle s'est immédiatement imposée par ses qualités humaines à une époque où les femmes de papier étaient encore caricaturales. Ingénieur en électronique venue en Europe pour faire de la recherche, elle vivait de menus travaux. Engagée par Vic et Pol pour les assister dans une série d'émissions sur la spéléologie, elle les séduira par son mystérieux sourire de Joconde asiatique et son caractère audacieux. Le "Trio de l'Étrange" était né.

"C'est une Asiatique européenne. Sa vie appartient désormais à notre continent et ce n'est que ponctuellement qu'elle retourne en Asie. Elle allie la poésie chinoise à l'efficacité japonaise. Et a ses défauts aussi."

 


Les fichiers des services secrets qui la concernent ne laissent planer aucun doute sur ses capacités: "Ceinture noire d'aïkido - brevet D planeur - pilote d'hélicoptère :
Gazelle, Jet ranger, Ecureuil." Mais tout au long de ses aventures, qu'elle voyage à travers le temps ou l'espace, cette femme d'action est restée avant tout un être de chair. Tenaillée entre deux cultures, à la recherche de ses racines, doutant d'elle-même, mais conservant une foi inébranlable dans les êtres, de quelque provenance qu'ils soient. En toile de fond de ses vingt et un albums, l'amitié, l'amour et la tolérance. Armée de ces grands sentiments, elle parcourt le monde terrien ou galactique, fragile rempart contre les apprentis sorciers, les savants sans conscience, les trafiquants d'armes et les assassins sans scrupules. Yoko Tsuno a réussi la fusion entre la haute technologie du pays du Soleil Levant et cette bonne vieille qualité de nos civilisations occidentales : le coeur.

"Le bonheur que j'ai de vivre avec Yoko éclipse tous les plaisirs que je pourrais avoir ailleurs, poursuit Roger Leloup. Je suis heureux de la voir heureuse. Je ne suis pas, comme certains le pensent, amoureux de mon personnage. Cela va au-delà. Elle reste, pour moi, un personnage de papier. Elle ne me parlera jamais, mais je sais qu'à travers elle, j'offre aux autres l'émotion et la poésie qui sont en moi. C'est l'amie que j'aurais voulu avoir dans ma jeunesse et que je n'ai jamais eu la chance de rencontrer. Au fil du temps, elle est devenue ma fille spirituelle."

Son statut d'électronicienne a opposé Yoko à des criminels d'un genre nouveau. L'aventurière se double à l'occasion d'une détective lancée sur les traces de ceux qui utilisent à leur profit les innovations technologiques de pointe, menaçant des êtres isolés ou des pays tout entiers. Et les dangers sont réels lorsque la puissance scientifique est utilisée comme moyen lucratif ou comme instrument de pouvoir pour des ambitions personnelles. Typhons provoqués artificiellement, canons à la puissance démentielle, chambre à désintégrer... attisent la cupidité des criminels de hautvol.

"Je ne veux pas transmettre un message catastrophiste vis-à-vis de la science, explique Roger Leloup, mais je mets en exergue sa mauvaise utilisation. Ces inventions pourraient servir le bien de l'humanité, mais certains hommes, ici, les utilisent mal. Ils se sont trompés de côté." Si elle utilise toutes ses connaissances et toute son énergie pour mettre ces grands criminels hors d'état de nuire, Yoko leur témoigne pourtant le respect dù à l'adversaire. Et elle ne cache pas son émotion lorsque l'un d'entre eux meurt, emporté par sa folie. "Je suis quelqu'un de solitaire, dont on pourrait dire qu' il est misanthrope. Ayant été enfant unique, j'accorde beaucoup d'importance aux relations avec les autres, en réaction sans doute à ma solitude d'enfant. J'ai donc besoin que Yoko fasse des rencontres enrichissantes. Le respect de l'adversaire fait partie de sa culture. Et au travers des valeurs humaines que je mets en évidence chez certains de ses ennemis , j'essaie de valoriser celles de Yoko."

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